Nous vivons dans un monde urbain. Cet ensemble historiquement situé et géographiquement inégal de conditions a un impact profond sur le processus socio-politique puisqu’il transforme radicalement notre rapport à l’espace, au temps et aux affects, tout en changeant les structures d’interactions sociales et l’organisation politique et économique du monde.
Les outils heuristiques des sciences sociales occidentales, développés dans le but d’analyser l’État-nation « formel » tout au long du 20e siècle, sont inadéquats pour comprendre les nombreuses formes d’engagement politique qui ne cadrent pas dans nos catégories traditionnelles. Il nous semble plus pertinent de travailler à partir d’une épistémologie de l’urbanité, c’est-à-dire de produire du savoir en imitant le rapport au temps, à l’espace et aux affects qu’ont les gens « ordinaires » dans leur vie quotidienne. Ceci veut dire travailler à partir de pratiques de comparaison vernaculaire et se centrer sur les interactions moins visibles (certains diraient « informelles »). Au VESPA, l’informel n’est pas simplement un objet d’étude, mais également et surtout une manière de voir et d’analyser. Ceci veut dire, par exemple, travailler avec des catégories fluides et dynamiques, mettre au défi la causalité linéaire et utiliser les pratiques informelles comme pilier conceptuel pour mieux saisir le processus politique « formel ». Ainsi, des pratiques de négociation, des relations esthétiques et l’improvisation sont autant de pratiques qui portent un éclairage prometteur sur l’action politique.